Reconstruire les mobilités dans les territoires
La restructuration des territoires doit être accompagnée d’un vaste plan de relance d’une politique des mobilités qui contribuent dans des proportions décisives à la croissance, à la compétitivité et à l’attractivité des territoires.
Selon le think tank Infrastructure France, la remise à niveau de l’ensemble des infrastructures nationales françaises coûterait 50 Md €. Ce constat est fondé sur l’observation que l’attractivité et la compétitivité de la France se sont considérablement dégradées au cours des dernières années. Ainsi, pour le fer, la France était classée 2èmemondial en 2008, elle est aujourd’hui 6ème ; les ports sont passés de la 10èmeplace à la 26ème ; les aéroports de la 5èmeà la 15ème et la distribution d’électricité de la 4èmeà la 14ème.
Le réseau fluvial est sous utilisé et délabré (il représente 25% du réseau européen mais assure 4% du transport de marchandises contre 12% en Allemagne et 14% en Belgique) ; le réseau d’eau connait jusqu’à 50% de fuites dans certaines régions et 1 litre sur 5 est perdu en moyenne ; les embouteillages coûtent 17 Md € ; le coût des pollutions de l’air est évalué à 101 Md € et 45 000 décès sont dus aux particules fines et l’ozone ; 3,6 millions de sources lumineuses sont excessivement énergivores alors qu’une économie de 70% est possible ; les catastrophes naturelles coûtent un cinquantaine de Md € et 72 000 ponts sont actuellement menacés.
En termes de qualité de service, 1 TGV sur 5 est en retard ou annulé, les coupures électriques représentent près de 4 heures en moyenne par an et par ménage, un automobiliste passe 35 heures par an dans des embouteillages et il y a 150 accidents ferroviaires par an contre 85 en Grande-Bretagne.
Les projets prioritaires du plan de mobilités porteront ainsi sur :
- Les réseaux de transports ferroviaires, routiers et fluviaux
- Les plateformes aéroportuaires
- Les grands ports maritimes et leur hinterland
- Les bases logistiques
- Les systèmes de transports de l’énergie et de l’eau
- Les réseaux de télécommunication et du numérique.
L’ensemble de ces projets formera un véritable schéma de connexion qui rapprochera les Français des villes moyennes, reliera le plus efficacement possible les villes moyennes aux métropoles et raccordera les métropoles au reste du monde.
Relancer les investissements publics
Depuis 2009, les investissements publics français baissent de 1,5% par an et cette tendance devrait continuer à se dégrader en raison des réductions prévues des dotations aux collectivités territoriales. Des mesures proactives sont nécessaires pour sortir l’économie de son état précaire d’équilibre investissement faible-croissance faible.
Or, c’est en sortie de période de crise que l’investissement public a le plus fort effet d’entrainement sur l’économie. Une étude du Fond Monétaire International de mai 2015 montre que, dans les conditions économiques actuelles, des investissements publics équivalant à 1% du PIB produisent une croissance de 2% la 1èreannée et de 2,5% à moyen terme. Cette croissance s’accompagne d’une réduction du taux de chômage de 0,5 point la 1èreannée et de 0,75 point à moyen terme.
L’effet multiplicateur de l’investissement public est par ailleurs d’autant plus important que celui-ci est financé par l’emprunt plutôt que par des ressources budgétaires. Enfin l’accroissement du montant de la dette nationale, consécutive à une augmentation des investissements publics utilisés à bon escient, n’altère pas le risque souverain du pays émetteur.
L’efficacité de la politique d’investissements publics est cruciale et la sélection, la mise en œuvre et le suivi des opportunités devront être conduites avec une grande rigueur pour assurer les retours attendus. Les investissements publics ne devront pas provoquer d’effets d’éviction des investissements privés.
Outre les actions du plan d’aménagement des territoires précitées, la politique d’investissements portera sur des projets concourant à nourrir l’écosystème d’innovation, à réduire le fardeau énergétique, à augmenter la productivité et à mobiliser la main d’œuvre.
L’Etat laissera aux régions la responsabilité du choix de la majorité des investissements (≥ 75% du total) pour assurer la prise en compte des réalités du terrain et l’implication des responsables locaux.
Le montant total du programme d’investissements sera de 3 à 4% du PIB – soit 70 à 90 Md€.
Par comparaison le plan Juncker prévoit un volume d’investissements de 315 Md€ sur la période 2015-2017 soit 2% du PIB de l’UE et le Programme d’Investissements d’Avenir en exécution depuis 2010 en France porte sur une enveloppe globale de 47 Md€.
Compte tenu de l’état des finances publics du pays et pour optimiser le retour sur actifs, le programme d’investissements sera financé par un appel public à l’épargnecomprenant une tranche en capital et des tranches obligataires. La tranche en capital permettra aux particuliers de s’approprier les actifs ainsi constitués et d’être pleinement associés à leur gestion et à leur rendement. L’ensemble de l’opération sera autofinancé et le rendement global des titres émis sera couvert par un fléchage des bénéfices générés