La France doit impérativement retrouver des niveaux de croissance durable afin de restaurer les équilibres financiers et l’équité sociale. Or son organisation centralisée et suradministrée – héritée de l’Ancien régime et renforcée par Napoléon – qui a été un atout indéniable pendant les années de révolution industrielle et de fordisme – s’avère être un frein considérable à son adaptation à une économie qui repose aujourd’hui sur les mobilités, l’entrepreneuriat et à la génération continue de nouveaux modèles.
Là où nous aurions besoin de souplesse et de flexibilité pour adapter des règlements, des normes ou des projets aux réalités économiques et sociales locales, nous opposons la centralisation des décisions et la rigidité de nos systèmes. Là où nous aurions besoin de mieux coordonner les actions pour que, par exemple, la politique de formation soit en phase avec les projets des entreprises ou que les politiques sociales ou d’aménagement du territoire soient adaptées aux évolutions économiques, nous opposons un mille-feuille territorial fracturé et un Etat hyper-normatif. Là où nous devrions ouvrir la société à la responsabilité et la prise de risque, nous engendrons la précaution et la résignation.
L’effort de relance est d’ordre structurel et il n’est plus temps d’attendre des stimuli externes – baisses des taux d’intérêt, du prix du baril de pétrole ou reprise de la croissance mondiale – sur lesquels elle n’a d’ailleurs pas réussi à capitaliser ces dernières années.
Pour être structurelles, ces réformes doivent partir des territoires– là où les personnes résident, travaillent et socialisent – et de leurs formidables atouts. Le territoire possède une dimension polysémique : il désigne à la fois une étendue et des projets, porteurs d’unité et d’identité. Par leur dynamisme et leur diversité, les territoires sont la genèse de la richesse française. Ils possèdent l’ensemble des leviers en mesure de régénérer nos avantages comparatifs en termes de culture, d’environnement, de savoir-faire ou d’initiatives. Grâce à leurs identités, ils sont le meilleur rempart contre les risques de standardisation liés à la mondialisation
Donner à la France un projet d’avenir présuppose que les Français se réapproprient leurs territoirespour en faire autant d’espaces de projet. Un territoire existe grâce au caractère immémorial de son histoire et de sa culture. Seuls les habitants d’un territoire peuvent décider de son existence.
C’est le principe de subsidiarité : donner la primauté à la personne humaine, à sa confiance et à sa responsabilité.
Aussi devons-nous rapidement mettre en oeuvre une vaste et profonde réforme de l’architecture de nos territoires et de nos institutions. C’est la réforme de base qui permettra ensuite de déployer efficacement l’ensemble des autres initiatives visant à promouvoir la croissance, à corriger les inégalités sociales et à restaurer le bien-être et la confiance des Français.
Une telle réforme doit répondre à trois questions :
- Quelles sont les bonnes échelles territoriales ?
- Quelle est la bonne structure de gouvernance ?
- Quelle politique d’aménagement des territoires et comment relancer l’investissement public de soutien à la croissance ?